lundi 12 décembre 2016

Billet 10 - La toute première langue

Dès qu’on parle une langue étrangère, les expressions du visage, des mains, le langage du corps changent. On est déjà quelqu’un d’autre. (Isabelle Adjani)

La Tour de Babel

La Babylone visitée a inspiré, quelques siècles auparavant, les rédacteurs de la Bible. Ils y situent l’un des épisodes les plus marquants de La Genèse : l’histoire de la tour de Babel.

À l’aube des temps, quelle langue parlaient les hommes ? Voilà une question à laquelle les spécialistes du langage ne sont pas prêts de répondre.

La Bible, en revanche, offre une explication : dans les premières pages du Livre de La Genèse, on lit qu’à l’origine, tous les hommes parlaient la même langue, celle qu’Adam avait reçue de Yahvé, c’est-à-dire de Dieu. Une harmonie parfaite qui aurait duré… à peine plus tard que le Déluge.
Les ennuis commencent lorsque les descendants de Noé (le capitaine de l’Arche) se rassemblent au pays de Shinéar (la Babylonie sur les rives de l’Euphrate, au cœur de l’Irak d’aujourd’hui). Quoi de plus naturel, ils décident de construire une ville. Mais les choses se gâtent quand ils entreprennent d’élever une tour dont ils souhaitent que « le sommet pénètre les cieux ».

Abel Grimmer (vers 1570-avant 1619), la tour de Babel
Panique sur le chantier

Voulaient-ils envahir le domaine réservé de Dieu, comme le suggèrent certaines versions de l’histoire ? Toujours est-il que Yahvé voit dans cette tentative un défi à sa puissance. Orgueil et impiété. Pour punir les constructeurs de la tour de Babel, il décide de rompre leur union en jetant la confusion dans leur langue.
Aussitôt le chantier s’arrête. À celui qui demande une pioche, on donne une pelle ; ou de l’eau quand il veut du sable. Les ouvriers s’irritent, se battent et parfois s’entretuent. Ne pouvant plus se comprendre, ils abandonnent la tour, qui restera inachevée, et se disséminent aux quatre coins de la planète. Fin de l’histoire de Babel et… début des cours de langues.
Regrets éternels d’une première langue merveilleuse ! La Bible n’en dit pas plus : ni sur sa nature, ni comment Dieu s’y prit pour rendre confus ce qui était harmonieux et limpide. Toutefois, le conte a fourni le point de départ à une réflexion qui se poursuit aujourd’hui sur l’origine des langues.
Au Moyen Âge, on s’interrogeait sur les intentions divines. Dieu avait-il voulu que chaque homme présent sur le chantier parle une langue nouvelle ? Voilà qui pouvait expliquer la fondation des nations par chacun des hommes de Babel. Ou bien s’était-il contenté de détruire la cohérence de la première langue ? De claire et logique, elle serait devenue obscure.
C’est vers cette interprétation que s’étaient tournés les penseurs du Moyen Âge.Toutes les langues leur paraissaient complexes, irrégulières et pour tout dire franchement bizarres. Donc, en avaient-ils conclu, les règles du langage sont absurdes, il n’y a rien de bon à en tirer, rien de raisonnable à en dire.
Peut-être la langue d’Adam n’était-elle pas irrémédiablement perdue ? Sans doute en subsistait-il ça et là quelques traces ? Tronc d’arbre masqué par de trop nombreux rameaux, la langue originelle pouvait être reconstituée en remontant patiemment dans le temps à travers la diversité des idiomes et des langues. 
L’absence de tronc commun
L’idée n’était pas folle, mais elle était inexacte. Aujourd’hui, c’est à peu près certain : ce tronc commun n’existe pas. Ou plutôt… il y en a plusieurs. La langue des commencements de l’humanité est multiple dès le départ.
Il s’en est pourtant fallu de peu ! Dans ses grandes lignes, l’histoire de Babel aurait pu être vraie… On sait en effet que l’homme est apparu dans une région du monde assez bien définie : l’est de l’Afrique, voilà quatre ou cinq millions d’années. Et si les plus anciennes formes de l’homme parlaient déjà, on pourrait imaginer que dans cette aire assez réduite, ils pratiquaient la même langue.
Hélas, c’est faux. Au XXe siècle, les linguistes ont étudié le crâne de nos ancêtres : ils ont pu reconstituer les formes et les positions du larynx, du palais et de la langue. Ils ont même pu examiner comment se sont développées les zones du cerveau qui commandent l’activité du langage.
Conclusion probable : le langage n’est apparu que plus tard ; à l’étape suivante de notre évolution, lorsque ces premiers hommes ont quittés leur berceau est-africain pour entreprendre leurs vastes migrations aux quatre coins de la planète.
II n’y a pas eu de première langue, unique dans le temps et dans l’espace. À l’inverse du scénario que nous propose la Bible, les hommes se dispersaient déjà lorsqu’ils commencèrent à parler. 
Les 10 langues les plus parlées dans le monde 
Sur les 6 000 langues dans le monde, 50% sont menacées de disparition; 96% d'entre elles sont parlées par 4% de la population mondiale; 90% ne sont pas représentées sur Internet.

Une langue disparaît toutes les deux semaines et 90% des langues africaines n'ont pas de transcription écrite.

Heureusement, la langue française se porte très bien dans le monde.

Quelques chiffres
  • Le français est aujourd'hui la 5e langue la plus parlée au monde avec 274 millions de locuteurs
  • Le français est la 2e langue apprise comme langue étrangère après l'anglais
  • Le français est la 3e langue des affaires dans le monde
  • Le français est la 4e langue d'Internet
  • Il y a 125 millions d'apprenants du/en français...
La synthèse du rapport de l'Organisation Internationale de la francophonie (OIF) intitulé La langue française dans le monde.
OIF francophonie



Les données du rapport en film d'animation


« Oui, j’ai une patrie : la langue française. » (Albert Camus, Carnets)
À une prochaine,

Gwen 

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