Manier
savamment une langue, c’est pratiquer une espèce de sorcellerie évocatoire. (Charles Baudelaire,
L’Art romantique, 1852)
Le français parlé au
Québec est différent de tous les autres français du monde. Ce n'est pourtant
pas un dialecte ou un patois. Cette langue évolue constamment et ne connaît pas
de frontière.
Pourquoi le français
québécois est-il donc différent de celui de la France? Il faut plonger dans l'histoire du
Québec pour comprendre comment notre langue s'est modelée. Dès la fin du 17e
siècle, tout le monde en Nouvelle-France s'exprimait en français. Or, en France
à la même époque, les patois étaient encore très nombreux.
On doit ce fait
principalement à deux facteurs. Tout d'abord, les colons qui viennent peupler
la Nouvelle-France sont originaires de différentes provinces françaises et
chacun parle donc son patois maternel. Une fois ici, ils se retrouvent souvent
avec un voisin qui parle un patois différent du leur, d'où la nécessité d'une
langue commune. On aurait choisi la plus prestigieuse, celle
du roi, le françois.
Deuxièmement, on
remarque que les femmes ont joué un rôle de première importance dans ce
phénomène puisque ce sont elles qui apprennent la langue à leurs enfants. Des
études prouvent que la grande majorité de celles-ci connaissait, au moins
partiellement, le français.
C'est ainsi que la
Nouvelle-France parlera le français de la cour du roi, et non celui des
philosophes et des écrivains.
C'est dans ce français royal de l'Île-de-France que le français québécois prend
plusieurs de ses particularités, tels que l'usage de «y» au lieu du «lui» (J'y
ai donné l'argent que j'y dois) ou encore la variante assisez-vous au lieu
asseyez-vous. C'est également du français royal que proviennent les fameux moé
et toé. Puisque la majorité des colons venaient de la Normandie, on retrouve
également dans le français québécois plusieurs particularités du parler normand
comme le fameux eux en fin de mots comme dans: siffleux, robineux, seineux,
têteux, niaiseux, ostineux, ou senteux.
Après la conquête britannique
de 1759, le Québec se retrouve privé de contacts avec la France. Repliée sur
elle-même, la langue a donc évolué en vase clos et s'est nourrie par le parler
des colons français. Notre langue est donc aujourd'hui marquée d'archaïsmes
(vieux mots), de régionalismes (d'une région) et d'anglicismes (tiré de
l'anglais.)
La prononciation
Au Québec, on constate un
renforcement des consonnes t et d devant les voyelles w et i (elles se
prononcent alors ts et dz). Par exemple: tu es parti devient té partsï, tu sais
devient tsé. Du chocolat divin devient dzu chocolat dzivin. Cette
particularité, est très marquée et tout à fait généralisée (sauf pour la
Gaspésie).On dit aussi ste pour ce : ste gars-là.
Autres raccourcis de la langue...
Chu pour (je suis) Chu fatigué, chu
tanné, chu en retard
Rien qu' pour (rien que)
Asteur pour (à cette heure)
Motte comme dans motte te dire
quec'chose pour (je
vais te dire quelque chose)
Cette courte liste ne représente que quelques exemples, je vous invite à
visiter le site de la bibliothèque virtuelle du centre de documentation sur
l'éducation des adultes et la condition féminine, le CDEACF .
😊 Bon voyage et à la prochaine!
Gwen
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